Interview de Matthew Fox

Après six saisons, RTL-TVi diffuse, ce soir, le dernier épisode de Lost. Rencontre exclusive avec Matthew Fox de correspondant permanent aux États-unis frank rousseau

Article paru dans la Dernière Heure du 18 juin 2010.

LOS ANGELES Dans la série américaine Lost, c’était le héros sans peur et sans reproche, la caution virile au service des donzelles en perdition. Front plissé (parce qu’il réfléchissait beaucoup, notre lascar), pectoraux saillants (parce que, pour porter un sac de noix de coco, il fallait en avoir sous le marcel) et mâchoire carnassière (indispensable lorsqu’il fallait ouvrir sa gueule pour rétablir un minimum d’ordre), pendant six ans Matthew Fox a incarné le mâle qui fait mal ! Interview exclusive à Los Angeles.

Ces disparus qui disparaissent des écrans, cela doit vous attrister, non ?

“La série Lost est peut-être terminée en termes de tournage mais elle n’est pas morte pour autant. Elle va désormais avoir une nouvelle vie grâce à des diffusions, en boucle, sur d’autres chaînes. Pour répondre à votre question, ces six dernières années passées à Hawaï seront inoubliables pour moi et ma famille. Nous avons eu la chance de vivre dans une villa en bord de volcan avec vue sur les cocotiers et une faune incroyablement intéressante. Le rythme de tournage était très soutenu, mais, encore une fois, les conditions de vie étaient fantastiques. Maintenant, soyons honnête, la série devait s’arrêter. Une année de plus et nos personnages devenaient des caricatures !”

Le retour aux États-Unis, vous vous y êtes préparé psychologiquement ?

“Après l’été permanent, je vais retrouver les quatre saisons. C’est quelque chose qui n’est pas pour me déplaire. J’ai grandi dans le Wyoming, au milieu des vaches et des taureaux ! Et puis, l’idée de refaire des bonshommes de neige, cet hiver, vous ne pouvez pas savoir à quel point j’ai hâte ! Ma fille est une vraie championne de surf aquatique. Elle ne devrait, donc, pas trop avoir de difficultés pour trouver l’équilibre sur un snowboard !”

Ce qui signifie que vous allez définitivement poser vos valises dans le Wyoming, l’État d’où vous êtes originaire ?

“Je vais passer quelque temps là-bas parce que j’aime bien le coin et parce que j’y ai encore des attaches. Sinon, nous allons plutôt nous installer dans l’Oregon, pour me rapprocher de ma mère qui vit désormais là-bas, comme mes frères que je n’ai vus que très épisodiquement depuis que je suis résident hawaïen !”

Lost, c’est quand même six ans de votre vie. Vous croyez que vous allez pouvoir tourner la page facilement ?

“Faites-moi confiance ! Je n’aurai aucun mal. Je ne suis pas quelqu’un de nostalgique !”

Quels sont les traits de caractère que vous pensiez partager avec votre personnage ?

“Je n’en ai pas beaucoup ! Déjà, j’ai une sainte horreur de donner des ordres aux autres. Probablement parce que je n’aime pas en recevoir ! Ensuite, je déteste m’auto-analyser comme avait l’habitude de le faire Jack. Pour moi, c’est contre-productif. Quand j’ai un truc à faire, je le fais. C’est après que je me pose les questions.”

Vous pensez que toutes les questions que se posaient les téléspectateurs quant aux mystères de l’île ont trouvé une réponse ?

“La plupart, oui ! Mais il restera une zone d’ombre. La série s’intitule Lost, il était donc normal que les scénaristes laissent planer un peu le mystère.”

Que rétorquez-vous à ceux qui s’imaginent que les producteurs ont déjà prévu une suite ?

“Il n’y aura pas, à ma connaissance, de Lost : le retour ou de Lost : les retrouvailles, ni de spin-off. Ce n’aurait aucun sens.”

Après La vie à cinq, vous avez enchaîné avec Lost. Ne craignez-vous pas d’être catalogué, ad vitam aeternam, acteur de série ?

“Ce qui ne serait pas une maladie honteuse ! Grâce à ces deux séries à succès, j’ai eu la chance de ne pas courir après les chèques durant près de 12 ans. Ce qui est plutôt rare à Hollywood ! Je suis donc un sacré veinard. Maintenant, je pense qu’il serait peut-être temps que je cherche de bons scénarios de films et que je m’oriente vers le cinéma. Je ne crache pas dans la soupe. Je souhaite tout simplement entrevoir des horizons qui ne soient pas nécessairement télévisuels.”